Stocks dormants : quand l’excellence opérationnelle et l’écologie s’unissent
L’interdiction de détruire les invendus, promue par la loi AGEC, entraine une augmentation des différents types de stocks au sein des entreprises, tels que les produits finis et semi-finis, ou encore les matières premières et composants.
Face à ces nouvelles lois anti-gaspillage, une réflexion s’impose pour le secteur du Luxe : comment adopter une posture plus écologique dans un monde où l’écoulement des stocks à prix réduit est proscrit ?
Nos experts vous dévoilent dans cet article l’impact de ces stocks dits “dormants” et vous proposent des leviers à mettre en place pour les “réveiller”, afin d’optimiser la chaîne d’approvisionnement et la gestion des stocks.
Que sont les « stocks dormants » et comment les identifier ?
Les “stocks dormants” sont constitués d’articles qui n’ont pas pu être écoulés ou dont le taux de rotation est faible voire inexistant. Pour citer quelques facteurs :
Une fluctuation de la demande des consommateurs
- La pandémie du Covid a par exemple très significativement impacté les entreprises, avec des usines à l’arrêt, entrainant la création de stocks de matières premières,
- L’inflation peut également être citée, par son impact sur le pouvoir d’achat des ménages,
- Une oscillation des intérêts du produit de la part du consommateur,
- Une surestimation du potentiel du marché.
Une planification discontinue
Dans le secteur de la mode notamment, où sortir le bon article au bon moment est primordial, les boutiques doivent avoir les produits en stock dès la fin du défilé. En revanche, le moindre blocage sur la chaîne de production ou une mauvaise allocation des articles peuvent entrainer une livraison tardive et donc un écoulement des stocks en dessous des estimations.
Quels sont les impacts des « stocks dormants » pour les Maisons de Luxe ?
Pour les acteurs du Luxe, où les ventes fonctionnent principalement par saisonnalité, il est nécessaire de pouvoir écouler ses stocks chaque saison afin d’éviter :
- Des difficultés supplémentaires pour distribuer les nouvelles collections. De plus, comme mentionné en introduction, les nouvelles lois anti-gaspillage interdisent la destruction des stocks excédentaires.
- Un impact direct sur l’image de marque et la rareté des produits qui restent trop longtemps dans le circuit de distribution.
Ces “stocks dormants” représentent également un coût significatif pour les entreprises, engendré par :
- L’ensemble des charges liées au stock physique,
- La mobilisation des actifs,
- La baisse de la valeur initiale dans le temps.
Enfin, l’espace utilisé par ces stocks complexifie la gestion au sein de l’entrepôt. Les opérateurs doivent créer de nouveaux emplacements de stockage et le chemin de prélèvement est moins optimal. Ce manque de flexibilité impacte négativement l’efficacité de la réponse aux demandes fluctuantes des clients.
Quelles stratégies pour réveiller ou éviter ces « stocks dormants » ?
Chez Adone, nous accompagnons nos clients sur la définition de stratégies permettant d’optimiser la gestion logistique et vous proposons plusieurs pistes permettant de réduire ces stocks.
Revoir le calcul des stocks de sécurité
Une première piste pour réduire les “stocks dormants” est de revoir le calcul des stocks de sécurité. Il s’agit de la quantité de stock permettant de pallier les fluctuations de la demande. Il dépend de plusieurs facteurs, tels que :
- La complexité du modèle de l’entreprise,
- Le secteur d’activité,
- La stratégie de vente,
- Les lead times (temps de transport et temps de production).
Par ailleurs, ce calcul est étroitement corrélé au seuil déclencheur des commandes, qui lui est défini comme le niveau de stock à partir duquel une nouvelle commande est créée.
Dynamiser les ventes pour écouler les stocks dormants
Une seconde stratégie est de dynamiser les ventes pour écouler ces stocks dormants. Plusieurs pistes sont à considérer pour les produits finis :
- Diversifier la stratégie de distribution, en déployant une stratégie omnicanale. La visibilité des produits disponibles pour les clients est alors améliorée (stock e-commerce, stock boutique, stock entrepôt), ce qui permet d’augmenter les ventes. Mettre à disposition ses produits sur des marketplaces ou des sites partenaires permet également d’atteindre une clientèle plus large.
Prenons un cas concret chez une grande maison de Luxe que nous avons accompagné sur le déploiement de sa stratégie omnicanale.
Un article d’une ancienne collection stocké en entrepôt n’est pas visible par le client s’il se connecte au site ou à l’application e-commerce.
À travers la stratégie omnicanale, l’ensemble des articles appartenant à tous types de stocks (boutiques, entrepôts, e-commerce, etc.) seront disponibles à la commande via tous les canaux de communication.
- Repenser la stratégie de production, en faisant du “make-to-order », notamment pour les collections saisonnières. Cette stratégie permet de produire uniquement à partir d’un seuil de commandes suffisant et de produire la quantité exacte d’articles, évitant ainsi la surproduction et les invendus.
- Renforcer la stratégie marketing, en se basant sur l’expérience client, l’analyse des données ou l’influence. La personnalisation des commandes, par exemple, permet de proposer un article à un client basé sur ses précédentes commandes.
Quels outils utiliser ?
Mettre en place un WMS (Warehouse Management System)
En entrepôt, le WMS permet de suivre le stock et d’optimiser les emplacements de stockage. Les “stocks dormants” ayant un faible taux de rotation sont identifiés et isolés pour fluidifier les chemins de prélèvement des opérateurs. Les stratégies d’allocation sont également gérées dans le WMS afin d’écouler les stocks les plus anciens (stratégie FIFO par exemple).
Prenons le cas d’une grande Maison de Luxe que nous avons accompagné, faisant face à une augmentation de son volume d’activité sur trois sites de production différents.
Un WMS a été déployé pour identifier les stocks à faible taux de rotation et proposer un algorithme répondant aux enjeux de gestion d’actifs mobilisés.
Relier son WMS à un ERP (Enterprise Resource Planning)
Les informations que le WMS ou les systèmes RFID renvoient à l’ERP sont également analysées et permettent de donner une vision totale et réelle des niveaux de stocks, offrant ainsi aux entreprises une meilleure traçabilité. Un ERP permet d’effectuer un décompte automatique des éléments du stock. Ainsi, le responsable visualise l’inventaire en temps réel et peut identifier les “stocks dormants” pour mettre en place des actions adéquates.
Même s’il existe différents sites de stockage, un ERP va permettre une meilleure collaboration entre les différents départements de l’entreprise grâce à la centralisation de l’information.
Le partage des informations sur les stocks depuis une source commune permet aux équipes de mieux gérer les stocks à l’échelle complète de l’entreprise, réduisant ainsi le risque d’accumulation des stocks dormants.
Conclusion
Une gestion optimisée des stocks dormants est primordiale pour les grandes Maisons de Luxe afin d’éviter une accumulation impactant l’image de marque ainsi que l’efficacité opérationnelle et financière des entreprises.
De nombreux moyens existent pour mieux les gérer, comme l’amélioration de la distribution et l’utilisation de logiciels de gestion tels que les ERP.
Par ailleurs, des solutions innovantes s’appuyant sur de l’automatisation ou de l’Intelligence Artificielle sont présentes sur le marché. Elles réalisent, par exemple, des analyses prédictives donnant des prévisions futures à partir de données historiques. Ces outils d’aide à la décision représentent donc un appui intéressant pour optimiser les niveaux de stocks et automatiser des processus de réapprovisionnement et de déstockage.
Adone Conseil vous accompagne sur vos projets de transformation digitale, via une approche pragmatique, fondée sur l’excellence et la connaissance métier.